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Parcours historique de Bou

Les crues centenales

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Hameau de la Binette (actuellement 120 rue de la Petite Levée. En arrière-plan 2 moulins rue du crochet – 10 octobre 1866. Dessin de Charles PENSÉE
Au niveau de la binette une échelle graduée qui borde un petit escalier aménagé à flanc de levée permet de mesurer à tout instant la hauteur du fleuve par rapport à son niveau moyen (niveau zéro). On peut ainsi constater qu’à cet endroit précis, l’eau a pratiquement atteint le haut de la levée en 1846 et en 1856, comme en témoignent les marques de crues gravées dans la pierre située en haut de l’escalier. Quelques dizaines de mètres en amont, le lieu-dit la « Barche » (patois local de « brèche »), marque l’endroit où la levée a cédé en 1866, sous la pression des eaux qui envahirent tout le village de Bou.

On peut relever une quinzaine de marques de crues sur les maisons de Bou. Au XIXe siècle, le village dut subir 3 inondations successives : 20 octobre 1846, 2 juin 1856 et 27 septembre 1866. Si en 1856 une partie du bourg ainsi que l’ouest de la commune furent épargnés, en 1866 la totalité du village fut submergé. Cette crue exceptionnelle (7,80 m au pont de Jargeau) fut d’une rare violence, la levée ayant cédée en plusieurs points. Des maisons, des bâtiments et un moulin furent emportés par le torrent de sable et d’eau boueuse.

Début juin 2016, l’eau s’est rappelée à notre bon souvenir, non par la Loire mais par le canal et des pluies massives de printemps. Par chance, notre village a été assez peu affecté en comparaison des communes de la région, mais gardons en mémoire ces événements et restons vigilants et sachons en tirer les conséquences.

Note vocal : La crue de 1866 Jeudi 27 septembre 1866, à 10 heures du soir, une brèche de 18 mètres, faisait communiquer la Loire au canal près du pont de Chécy et établissait un courant d’une rapidité effrayante vers Pont-aux- Moines. Quelques instants après à Mardié, à la Binette, deux brèches formaient deux courants si rapides qu’en moins d’une demi-heure la rue de la Charpenterie à Chécy qui en 1856 avait été épargnée, se trouvait envahie à une hauteur de 1m70. Cinq autres brèches sur la commune donnaient passage à autant de torrents qui effondraient la faible brèche du canal et inondaient les Cigognes jusqu’à Combleux, et refoulaient les eaux aux dernières maisons de Bionne. Inutile de préciser les désastres ; presque toutes les récoltes sont perdues ; des maisons écroulées, d’autres menaçant ruines ; tel est le résultat de cette dévastation. Toutes les maisons de Bou, des Cigognes, de Combleux, sont encore dans l’eau ; les courants sont rapides, surtout à Bou, et les abordages difficiles.

Le journal du Loiret

Mardi 2 octobre 1866

Toute une contrée dévastée, tout le travail d’une année emporté en quelques heures. Hâtons-nous d’ajouter que cet immense malheur donne lieu de tous côtés à des actes de courage et de dévouement au-dessus de tout éloge. En pleine nuit, à une heure du matin, de braves mariniers lançaient de frêles embarcations sur cette mer en furie et bravaient cent fois la mort pour secourir les malheureux en danger de périr. Au point du jour, trois barques s’élançaient de Chécy et deux de Mardié pour porter aux inondés des aliments et des secours. La journée ne s’était pas écoulée que des vivres avaient été portés sur les levées à ceux qui, complètement bloqués par les eaux, avaient passé une nuit si cruelle et appelaient des secours à grands cris. Les maisons de Bou et celles des hameaux submergés de Chécy avaient été visitées ; les vieillards, les femmes, les enfants, les malades et la plupart des hommes valides, recueillis dans les barques, avaient été transportés à Mardié et à Chécy, où chacun s’empressait de les recueillir. Il fallait escalader les fenêtres, briser les portes extérieures, parfois découvrir les maisons pour faire sortir par les intervalles des chevrons les malheureux qui poursuivis par l’eau, avaient passé la nuit au sommet des tas de foin accumulés dans leurs greniers. Cette journée du vendredi fut laborieuse et, dans ces rues devenues des torrents, au pied de ces maisons à demi effondrées, au milieu des arbres et des débris contre lesquels les barques se heurtaient à chaque instant n’était pas sans périls ; mais la vue de l’affreux malheur et de tant d’infortunés en larmes doublait les forces et ranimait les courages : c’était entre les sauveteurs une lutte de dévouement et d’abnégation personnelle…. Le sauvetage continue et révèle des pertes incalculables. Les eaux baissent ; mais la brèche verse incessamment dans la vallée un courant que la restauration de la levée pourra seule arrêté.

Le journal du Loiret

Mercredi 3 octobre 2016

Il y a 150 ans, les 22 et 23 septembre 1866 des pluies cévenoles très importantes ont affecté les hauts bassins de la Loire de l’Allier et du Lot. Les crues de l’Allier et de la Loire ont provoqué une inondation majeure en Loire Moyenne. 10 ans après la crue historique de 1856 et 20 ans après celle de 1846 elle constitue la dernière des grandes crues de la Loire. Elle a provoqué 88 brèches dans les levées de la Loire dont 4 sur le seul val d’Orléans dans la nuit du 27 au 28 septembre 1866, inondant la quasi-totalité du val et la partie sud de l’agglomération d’Orléans. La brèche la plus spectaculaire fut celle de Melleray, les flots détruisirent en partie le château de l’Isle laissant un mur et deux tours, et creusant une vaste fosse d’érosion aujourd’hui parfaitement visible. La ruine, aujourd’hui monument classé, rappelle l’énergie dégagée par les flots d’une brèche de digue de Loire. Ce marqueur historique unique est aujourd’hui précieux pour maintenir la conscience du risque inondation sur un territoire qui n’a pas connu de crue majeure depuis le XIXe siècle.Le journal du Loiret

Église de Bou pendant l’inondation – 28 septembre 1866. Gravure de Charles PENSÉE
Lors de la crue de 1866, l’église de Bou, construite au XIIIe, n’est pas épargnée par les flots. Cette gravure par Charles Pensée, illustrateur du XIXe siècle, montre l’état de l’église suite à l’inondation. Il est dit que l’autel fût emporté avant d’être déposer naturellement à sa place lors de la descende des eaux.